Cette bibliothèque miniature contient tout le savoir de l'Humanité - mais elle n'est pas sur Terre

Cette bibliothèque miniature contient tout le savoir de l'Humanité - mais elle n'est pas sur Terre

Le savoir de l'humanité est désormais assuré d'être sauvegardé pendant des milliards d'années, pour le cas où une catastrophe détruisait notre civilisation ou notre planète. Tout est à l'abri dans une bibliothèque qui ne se trouve même pas sur Terre…

Guerre nucléaire, cataclysmes naturels, éruptions volcaniques en chaîne, épidémies ravageuses... Impossible de savoir de quoi serait fait demain ! Une catastrophe pourrait très bien mettre à mal l'humanité, dans un scénario digne de The Last of Us ou du Dernier jour sur Terre. Imaginez ! Tout ce que nous avons construit au cours de milliers d'années, tout le savoir accumulé qui part en poussière en jours ou en quelques heures ! Aussi, pour éviter une telle perte, la fondation Arch Mission s'efforce de préserver le patrimoine culturel et les connaissances de l'humanité dans des archives indestructibles construites pour durer des milliards d'années. Elle dispose ces dernières un peu partout sur la Terre, dans des grottes, des bunkers souterrains ou encore des mines par exemple.

Mais que faire si la Terre venait à être détruite ? Un scénario qui n'est malheureusement pas impossible, et qui a poussé la fondation à chercher, par tous les moyens possibles, à mettre en sécurité ces archives en dehors de notre planète. Aussi, elle a mis au point une bibliothèque contenant pas moins de 30 millions de pages d'archives sur l'histoire et la civilisation humaines. Elle couvre un grand nombre de sujets, de toutes les cultures, nations, langues, genres et périodes. Ainsi, toutes les réalisations de l'humanité, son histoire, sa littérature, ses langues, ses sciences, ses arts, sa musique, ses films, ses philosophies et ses religions, et bien d'autres choses encore, perdureront, quoi qu'il arrive sur Terre. Et nous venons de vivre un moment historique puisque, pour la première fois, nous sommes parvenus à stocker tout cela... sur la Lune ! Et ce n'est pas une métaphore !

© Arch Mission Foundation

Cette bibliothèque lunaire, baptisée Galactic Legacy Archive, a été posée pour la première fois avec succès sur la Lune le 22 février 2024 par le biais du vaisseau spatial Odysseuus, lancé par SpaceX, avec l'aide de la mission Lunaprise de Galactic Legacy Labs. Elle contient entre autres l'intégralité du Wikipédia anglophone – plus de 6 millions d'articles –, des parties de la bibliothèque numérique Project Gutenberg (plus de 70 000 livres électroniques) et de l'Internet Archive, des archives linguistiques du Rosetta Project – plus de 7 000 langues humaines – et de l'Arch Mission Private Library – qui comprend des millions de livres, de documents, d'enregistrements sonores et de codes de programmes –, ainsi que les principaux tours du magicien David Copperfield – les secrets de ses plus grandes illusions, y compris la manière dont il fera disparaître la Lune dans un avenir proche. Les archives ADN et les tardigrades ne sont en revanche pas inclus.

Bien évidemment, tout ce savoir ne se trouve ni dans des livres ni sur des CD ou des disques durs. Les données des archives sont conservées sous forme de nanofiches composées de plusieurs couches de gravures et de données numériques. Il s'agit de petites plaques en alliage de nickel et d'or, dans lesquelles les contenus sont gravés. Sur un centimètre carré, il est possible de stocker jusqu'à 2 000 pages de texte avec une résolution de 150 dpi, et ce pour l'éternité. En effet, le matériau résiste aux températures extrêmes ainsi qu'aux rayonnements électromagnétiques, et ne pourrit pas. La bibliothèque lunaire compte aujourd'hui 41 couches de contenu analogique et numérique réparties sur deux sites sur la Lune.

Cette entreprise n'a pas été une mince affaire ! Il a fallu pas moins de trois tentatives pour réussir ! En 2019 déjà, l'atterrisseur lunaire israélien Beresheet devait transporter cette fameuse bibliothèque. Toutefois, la mission avait échoué, car l'appareil s'était écrasé sur la Lune. En janvier, la mission Peregrine de l'entreprise spatiale américaine Astrobotic devait également emporter les archives. Cependant, une fuite de carburant s'était produite sur l'atterrisseur après le lancement, ce qui avait entraîné son crash au-dessus du Pacifique. Cette fois-ci a été la bonne ! En espérant que la Lune aussi ne disparaisse pas !