Ad Blockers sur YouTube : le blocage des bloqueurs de pub se généralise
YouTube part en guerre contre les bloqueurs de pub. Après des messages d'avertissement, la plateforme interdit désormais la lecture des vidéos dès qu'un bloqueur est détecté, pour inciter les utilisateurs à souscrire à sa formule payante.
C'est officiel, YouTube généralise le blocage des bloqueurs de publicité sur sa plateforme. Alors que de plus en plus d'internautes se plaignent de la fameuse et agaçante fenêtre pop-up qui demande de les désactiver – et ce, y compris en France d'après les témoignages sur les réseaux sociaux –, Christopher Lawton, responsable de la communication de YouTube, a confirmé à The Verge que le service a bel et bien "lancé un effort mondial" pour réduire au maximum l'utilisation d'un bloqueur de pub (ad blocker en anglais), après le succès des tests repérés au printemps dernier. Une riposte graduée afin de forcer les utilisateurs à autoriser les publicités dans les vidéos ou à souscrire à YouTube Premium. Mais ces derniers ne s'avouent pas vaincus pour autant et chacun y va de sa solution, que ce soit payer YouTube Premium, changer de bloqueur de publicités – apparemment, Ublock Origin et Ghostery permettraient pour le moment d'y échapper – ou utiliser une version modifiée du service – comme YT Siphon (voir notre article). C'est un long jeu du chat et de la souris qui débute entre les internautes et le géant d'Internet, bien décidé à récupérer son manque à gagner.
Ad Blockers : YouTube durcit le ton face aux bloqueurs de pub
La plupart des personnes utilisant YouTube ont l'habitude de voir leurs visionnages interrompus par des spots publicitaires – quelle joie de voir sa séance de méditation gâchée par une publicité pour un jeu vidéo ! Pour éviter ce désagrément et ne pas recourir à l'abonnement payant YouTube Premium, la meilleure solution est d'utiliser des bloqueurs de publicité – une application ou une extension de navigateur Web qui détecte les codes publicitaires et les bloque automatiquement avant qu'ils n'aient le temps de charger les publicités. Un moyen de rendre sa navigation beaucoup plus agréable, sans être constamment assailli par des dizaines de pop-up et autres bannières invasives, et de protéger davantage ses informations personnelles. Pour ce qui est des vidéos, les Ad Blockers permettent de supprimer les pubs qui se déclenchent avant ou pendant le visionnage – en tout, elles peuvent durer plusieurs minutes pour une seule vidéo ! Bref, ils sont indispensables, en particulier sur YouTube, Google tirant une forte partie de ses revenus grâce aux annonceurs. En plus, de ça, les Ad Blockers protègent la vie privée des internautes en bloquant les cookies et autres traqueurs publicitaires, dont Google raffole. Autant dire que cela n'arrange pas la firme de Mountain View, surtout en ce moment !
Malheureusement, les Ad Blockers risquent de ne bientôt plus fonctionner sur la plateforme. En effet, certains utilisateurs avaient eu la mauvaise surprise en mai dernier de voir surgir un pop-up leur indiquant que les bloqueurs de publicités ne sont pas autorisés et que seuls trois visionnages sans publicités étaient désormais possibles. Il s'agissait d'une phase de test, Google cherchant le bon dosage pour forcer la main des utilisateurs sans pour autant les frustrer. Désormais, comme l'avaient déjà repéré des utilisateurs de Reddit en août dernier, la firme a mis au point un pop-up beaucoup plus agaçant... Et les cas n'ont fait que se multiplier depuis.
Interdiction des Ad Blockers : des blocages d'au minimum 30 secondes
Google cherche à pousser de manière quasi agressive son offre YouTube Premium, à chaque connexion ou presque, avec des pop-ups proposant de souscrire à l'abonnement. De plus, les messages indiquant que les bloqueurs de publicités ne sont pas autorisés se font plus gênants. "Il semblerait que vous utilisiez un bloqueur. La lecture des vidéos sera bloquée tant que le bloqueur sera activé. Les publicités permettent à YouTube d'être utilisé gratuitement par des milliards de personnes à travers le monde", précise la page. Deux boutons proposent soit de débloquer les pubs de la plateforme, soit de s'inscrire à YouTube Premium, l'abonnement payant qui permet de se passer de ses dernières. Le problème, c'est que cette fenêtre ne peut plus être directement fermée en cliquant sur la petite croix. Un minuteur a été placé sur la fenêtre et empêche l'internaute de fermer l'onglet pendant 30 à 60 secondes, soit une durée suffisamment conséquente pour se demander si un bloqueur de pub a vraiment un intérêt.
Interdiction des Ad Blockers : mettre en avant YouTube Premium
En cette période d'inflation, de nombreuses entreprises du secteur high-tech connaissent de fortes difficultés. Google n'y fait pas exception et a dû licencier pas moins de 12 000 salariés en janvier 2023. L'entreprise cherche donc à optimiser ses revenus et, pour ça, mise sur la publicité. Elle a d'ailleurs pris la décision en mai dernier d'insérer davantage de pubs dans Gmail – nous les retrouvons maintenant en plein milieu de nos mails, et plus seulement dans les sections "Promotions" et "Réseaux sociaux". Pour renflouer ses caisses, Google a donc imposé davantage les publicités sur YouTube. "Nous menons une petite expérience à l'échelle mondiale qui incite les spectateurs dont les bloqueurs de publicité sont activés à autoriser les publicités sur YouTube ou à essayer YouTube Premium", expliquait le porte-parole de l'entreprise à BleepingComputeur en mai dernier. "La détection des bloqueurs de publicité n'est pas nouvelle, et d'autres éditeurs demandent régulièrement aux spectateurs de désactiver les bloqueurs de publicité."
Ce blocage est donc un moyen de pousser les utilisateurs à opter pour l'abonnement YouTube Premium à 12,99 euros par mois, qui supprime les publicités, permet de télécharger les vidéos pour une lecture hors-ligne et en arrière-plan, et donne accès au service de streaming musical YouTube Music – l'offre a déjà séduit plus de 80 millions d'utilisateurs dans le monde en novembre 2022. Google cherche à ce que ce soit le seul moyen d'éviter les pubs sur la plateforme.
Une décision qui devrait faire plaisir aux créateurs de contenu, qui verront leur rémunération augmentée, mais risque de frustrer les utilisateurs, qui commencent à sérieusement s'agacer face à l'augmentation de la charge publicitaire durant ces dernières années et qui n'ont pas les moyens de payer un tel abonnement, surtout en période d'inflation, alors que les prix augmentent de tous les côtés. Ce ne serait pas si grave s'il n'y avait pas plusieurs minutes de publicités ininterrompues et de multiples pubs avant la vidéo, sans compter des publicités qui interrompent les vidéos de méditation et les musiques, les rendant totalement inutiles ! Mais la solution de Google pourrait rencontrer quelques difficultés sur le long terme. En effet, les éditeurs d'Ad Blockers sont habitués à ce que les plateformes et les sites cherchent à contrecarrer leurs outils. Aussi, nul doute qu'ils trouveront rapidement un moyen de contourner ces restrictions. Internet est comme une hydre de Lernes : à chaque fois qu'on ferme un site ou supprime un outil, il en réapparait deux !