Test Fitbit Charge 6 : le bracelet d'activité qui doit se réinventer
Un nouveau Fitbit Charge en 2023, c'était assez inattendu. Ce bracelet d'activité au style élégant désormais sous pavillon Google est donc reparti pour un tour de piste avec de nouvelles fonctions mais aussi quelques handicaps.
On pensait que Fitbit, devenu propriété de Google en janvier 2021, allait peu à peu s'effacer en cédant ses acquis, son savoir-faire et ses bonnes idées au géant américain. Et de fait, Google propose depuis sa propre montre connectée, la Pixel Watch, dont la seconde mouture est sortie en octobre dernier en même temps que les smartphones Pixel 8 et… le Fitbit Charge 6. Et si la Pixel Watch 2 contient de vrais morceaux de Fitbit, la réciproque est là, dans une moindre mesure, puisque le Fitbit Charge 6 contient de son côté de petits bouts de Google.
Le développement de ce bracelet d'activité "de luxe" puisque vendu 160 euros tout de même, ne s'est donc pas tout à fait arrêté après le rachat de Google. Même si le géant américain appuie un peu sur le frein. En effet, au début du mois, Google a annoncé cesser la commercialisation des produits Fitbit dans de nombreux pays d'Europe mais aussi dans les autres pays du monde où ses smartphones Pixel ne sont pas distribués (la France n'est donc pas concernée). Il n'empêche, le Fitbit Charge 6 profite de quelques outils de la firme de Mountain View qui lui faisaient défaut jusque-là. Un échange de bons procédés qui aurait dû conduire à un produit d'exception. Las, le constat n'est pas aussi réjouissant. Nous avons rencontré pas mal de déceptions avec ce Charge 6. Si le charme est toujours là, de gros manquements et quelques mesquineries empêchent de se satisfaire des bonnes idées et des avancées techniques. Nous avons pu tester ce Fitbit Charge 6 pendant plusieurs semaines. Voici notre verdict.
|
|
Fitbit Charge 6 : design presque inchangé et toujours efficace
Au fil des générations, le Fitbit Charge a parfois changé de design. Ce n'est pratiquement pas le cas ici puisque le boîtier ressemble à s'y méprendre au Fitbit Charge 5 sorti l'an passé. Il conserve son aspect massif et une belle largeur. D'ailleurs, les bracelets conçus pour le Charge 5 s'adaptent sans la moindre difficulté au Charge 6. Seule différence notable : la présence aujourd'hui d'un bouton haptique sur la tranche gauche.
Il avait disparu avec la précédente génération et il fait son grand retour sur le Charge 6. Il permet de revenir au cadran principal d'une seule pression ou encore, durant une activité sportive, de faire défiler les différentes mesures en cours. C'est tout de même plus pratique que de passer son temps à glisser le doigt sur le petit écran Amoled de 1,04 pouce.
Celui-ci paraît plus grand mais il reste cerclé de belles bordures noires qui se fondent avec les cadrans son fond noir également. Une ruse également employée sur les Pixel Watch. Sur le flanc opposé, un capteur permet d'effectuer un électrocardiogramme en posant l'index dessus (et le pouce sur le bouton à gauche).
Le Charge 6 conserve son étanchéité 5 ATM. Il pourra donc vous accompagner à la piscine pour vos séances de natation. L'eau de mer lui est déconseillée.
Fitbit Charge 6 : une intégration avec Google perfectible
Pour cette génération, la patte de Google se fait ressentir. Le Charge 6 se dote à présent de la navigation GPS qui lui faisait défaut jusqu'à présent malgré la présence d'un module GPS dans le bracelet. Attention : étant donné le format très étroit de l'écran, pas question ici d'afficher une carte. Il s'agit d'un mode de navigation au tour par tour. Autrement dit, lorsque vous lancez un itinéraire dans Google Maps sur le mobile, le Charge 6 indique la prochaine étape et la distance prévue jusqu'à celle-ci. Par exemple, " dans 50 m, tourner à droite ". Cela ne vaut pas bien sûr la finesse du tracé dont on peut profiter sur une montre connectée dotée d'un écran plus grand et plus large, mais c'est un bon début. Et à condition bien sûr que le GPS soit fiable, ce qui n'est pas toujours le cas. Bien souvent, les notifications émises par le bracelet pour signaler l'imminence d'un changement de direction sont arrivées trop tard alors que nous marchions à pied dans les rues de Paris. La réactivité l'affichage de de l'itinéraire n'est pas toujours non plus au rendez-vous. À de nombreuses reprises, un temps de latence de plusieurs secondes était nécessaire pour présenter correctement la distance avant le prochain changement de direction. Pour la précision, nous avons testé ce Charge 6 avec un Samsung Galaxy S23 Ultra et un Google Pixel 8 Pro).
Autre apport de Google sur le Charge 6 de Fitbit : le support de YouTube Music. Mais sur ce coup-là, Google se montre plutôt mesquin. Cette fonction aurait pu être une bonne idée… si elle n'était pas réservée à la version Premium et donc payante de YouTube Music. On comprend cependant pourquoi puisque seul un compte Premium du service de streaming permet de lire le contenu en conservant l'écran du smartphone éteint. Et ne cherchez pas un moyen de compenser ce désagrément avec un autre service de streaming audio comme Spotify ou Deezer ou même à déposer vos propres morceaux de musique sur le bracelet avant d'aller faire un petit jogging sans votre smartphone, ce n'est pas possible.
Fitbit Charge 6 : une appli qui évolue peu
Le Fitbit Charge 6 ne se fond pas encore complètement dans l'écosystème de Google. Il s'appuie toujours sur l'appli Fitbit disponible et reste à l'écart de l'appli Watch (sur Android seulement) qui se focalise uniquement sur la montre de Google la Pixel Watch. Du coup, et c'est plutôt une bonne chose, le Charge 6 est aussi compatible avec iOS, ce qui n'est pas le cas des Pixel Watch. L'appli Fitbit a connu une légère refonte graphique pour se montrer plus lisible. Néanmoins, concernant la gestion du bracelet, aucun progrès n'a été fait. La variété de cadrans disponibles reste assez maigre et leur gestion difficile. Il faut en effet en choisir un depuis le catalogue proposé (29 en tout) puis l'envoyer vers le bracelet en Bluetooth. Une opération qui peut prendre jusqu'à 30 secondes. Un seul et unique cadran peut être envoyé vers le bracelet. Impossible d'en expédier plusieurs puis de faire son choix ensuite sur le petit écran. Frustrant.
Côté applications tierces, c'est le désert. Il n'y en a tout simplement aucune. Seules celles installées par défaut sur le bracelet figurent dans la liste. Vous pouvez ainsi supprimer YouTube Music, Google Maps et quelques autres fonctions comme l'ECG le Chronomètre ou même les réglages qui ne font pas partie du système embarqué dans le bracelet mais sont bien considérés comme une appli. Étrange.
Par ailleurs, impossible d'ouvrir non plus le petit livret de conseils d'utilisation proposé dans l'appli. Il s'agit pourtant d'un simple document PDF. L'appli Fitbit refuse de l'ouvrir et les outils proposés pour le faire ne sont pas adaptés, même sur un smartphone Pixel. Belle fausse note.
Le portefeuille Google Wallet est toujours de la partie pour pouvoir payer vos emplettes avec le Fitbit Charge 6 (à condition d'avoir une carte bancaire compatible). Enfin, Fitbit a ajouté la possibilité de faire communiquer son nouveau bracelet avec un appareil d'exercice (comme un rameur ou un tapis de course par exemple) compatible à travers une connexion Bluetooth. Comme pour l'Apple Watch, cette fonction permet d'afficher à l'écran de l'appareil, forcément plus grand, les mesures relevées en temps réel par le Charge 6. Nous n'avons pas pu tester cette fonction.
Quant à la gestion du sport et de la santé, l'appli se montre plutôt convaincante. Il faut tout d'abord définir des objectifs qui s'appuient sur plusieurs critères. Leur dénomination n'est pas très homogène passant de l'infinitif à l'impératif et du vouvoiement au tutoiement mais l'ambition plutôt claire : Pratiquer plus d'activités, Dormir mieux, Gère ton poids, Gérez votre stress, Améliore ta santé cardiaque. Pour chacun de ces objectifs, l'onglet Aujourd'hui présente les données recueillies pour la journée (nombre de pas, effectués, de calories brûlées, distance parcourue, exercices effectués, heures de sommeil, etc.).
C'est clair, bien organisé et très lisible. Les fonctions plus poussées pour un réel suivi sont soumises à un abonnement payant Fitbit Premium. On dispose alors des conseils d'un coach pour optimiser ses entraînements, gérer le stress et améliorer son sommeil. Même si quelques séances d’entraînement en vidéo (en anglais) sont disponibles, l'option Premium est poussée avec beaucoup de zèle par Fitbit. Les six premiers mois sont offerts. Passé ce délai, l'abonnement est facturé 8,99 par mois tout de même.
Fitbit Charge 6 : un compagnon de sport qui n'aime pas la marche
Le Fitbit Charge 6 n'est pas au meilleur de sa forme dans toutes les situations. Déjà, il nous a fallu l'aide de Google pour comprendre que le GPS n'était pas activé par défaut pour les séances de marche rapide. Un minuscule bouton doit en effet être actionné dans l'interface de l'activité Marche au sein d'un menu qui n'est pas vraiment bien placé.
Ensuite, la précision du GPS n'est pas des plus fines. Le Charge 6 propose trois modes de connexion GPS : Intégré (seul celui du bracelet est exploité), Dynamique (le bracelet fait appel au module GPS du smartphone quand il perd le signal) et Téléphone (seul le GPS du smartphone est sollicité). Nous avons comparé les résultats fournis par le Charge 6 avec ceux d'une Apple Watch Ultra. Et mieux vaut bien vérifier le bon fonctionnement du GPS avant de vous élancer Avec le GPS intégré, avant d'activer ce fameux bouton caché, nous obtenions sur le bracelet de Fitbit une distance parcourue de 2,9 km contre 4 km sur la montre d'Apple. Une fois l'option GPS activée, le Charge 6 affichait une distance de 4,97 km pour 4,76 km sur l'Apple Watch, soit 210 m de différence tout de même. En optant pour le mode GPS dynamique, cet écart se réduit un peu entre les deux appareils (100 m).
Nous avons aussi constaté une précision accrue avec le l'activité Course où l'écart se réduit à 2 % seulement. Nous avons été en revanche déçu avec l'activité Randonnée pour laquelle le dénivelé n'est pas enregistré. Connaissant le parcours (associé à Google Maps), il ne serait pourtant pas très compliqué à Google, pardon Fitbit, de fournir cette information.
Le cardiofréquencemètre se montre de son côté à la hauteur de nos attentes. Il fournit des mesures précises, très proches de celles affichées par l'Apple Watch Ultra. Un bon point.
Fitbit Charge 6 : une autonomie suffisante
La société américaine annonce une autonomie du Charge 6 capable d'atteindre 7 jours. Dans la réalité, c'est un peu moins. À raison d'une activité extérieure quotidienne mettant à contribution le GPS intégré du Charge 6, le bracelet a réclamé un détour par la case recharge au bout de 4 jours et cinq nuit d'utilisation. Une endurance plutôt honnête si l'on considère la surveillance permanente du rythme cardiaque. Il est possible d'augmenter cette autonomie en indiquant au bracelet de ne pas utiliser son propre module GPS mais d'exploiter celui du smartphone auquel le bracelet est relié.
Pour la recharge, Fitbit fourni comme avec le Charge 5 un petit dock à induction à brancher sur un chargeur USB (type A). Compter 1h45 pour passer de 0 à 100 % de batterie.
Fitbit Charge 6 : faut-il craquer pour le bracelet de Fitbit ?
Le Fitbit Charge 6 conserve tout son charme avec son boîtier élégant en métal. Il se démarque ainsi de la masse des bracelets d'activité pour l'essentiel tout de plastique vêtus. Mais si le design reste attirant, le Fitbit peine de plus en plus à tirer son épingle du jeu sur d'autres domaines malgré les petits efforts consentis par Google pour l'améliorer. Il manque par exemple la possibilité d'ajouter des applis tierces pour lui donner plus de fonctions. Impossible aussi de lui adjoindre un service de musique en streaming autre que YouTube Music dans sa version Premium et donc payante. La gestion des itinéraires avec l'appui de Google Maps sur le mobile est desservie par un manque de précision du GPS et un retard à l'affichage. Enfin, l'ergonomie de l'interface du bracelet mériterait aussi un petit coup de frais pour se montrer plus simple à maîtriser. Tous ces petits défauts cumulés peinent à convaincre surtout à ce niveau de prix et face à une concurrence plutôt aguerrie comme celle de Xiaomi avec son Band 8 par exemple. Un bracelet proposé à une cinquantaine d'euros et à la précision redoutable… l'élégance en moins. Si l'aventure Fitbit Charge continue, le bracelet doit se réinventer pour se mettre à la page avec un écran plus grand et des fonctions plus étoffées tout en évitant de marcher sur les plates-bandes de la Pixel Watch. Challenge compliqué.