Test Ice Watch Ice Smart One : un premier essai non transformé
Tout le monde ne peut pas se permettre de dépenser quelques centaines d'euros pour une montre connectée. Une opportunité pour Ice Watch de faire irruption sur le marché avec un modèle beaucoup plus abordable mais au prix de gros sacrifices.
La marque Ice Watch vous dit certainement quelque chose. Née en Belgique en 2007, elle s'est fait une spécialité des montres horlogères conçues comme des accessoires de mode, un peu comme le Suisse Swatch, mais avec des modèles bien moins chers. Elle est très largement distribuée auprès des grandes enseignes mais aussi dans quantité de bijouteries et horlogeries.
Il aura donc fallu attendre 2023 pour que Ice Watch prenne le virage du numérique avec sa toute première montre connectée, la Ice Smart One. Comme ses aînées à aiguilles, cette tocante se présente elle aussi comme un modèle abordable avec un prix de 99 euros. On est donc loin des plus de 400 euros demandés chez Samsung ou Apple mais pas si éloigné de ce que peuvent proposer des acteurs comme Xiaomi, Honor ou Huawei qui maîtrisent le sujet depuis plusieurs années. Aussi, même dans cette gamme de prix, la Ice Smart One va avoir fort à faire pour convaincre. Et si quelques atouts sont bien là, on sent cependant qu'il s'agit ici d'un premier pas. Nous avons pu tester la Smart One pendant plusieurs semaines. Voici notre verdict.
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Ice Watch Ice Smart One : un design simple et déjà vu
Pour cette première incursion dans le monde des montres connectées, Ice Watch mise sur la simplicité. La Ice Smart One adopte un design assez classique reposant sur une forme rectangulaire. Le boîtier de 44 x 39 x 12 mm est constitué d'aluminium et le bracelet de silicone. Bonne surprise dans la boîte, un second bracelet est fourni. Pour l'accroche, la Ice Smart One propose une taille standard de 22 mm avec un système à pompe. Vous pouvez donc réutiliser un ancien bracelet plus seyant si le cœur vous en dit.
Le flanc droit du boîtier accueille une couronne rotative. Contrairement à la plupart des montres connectées qui sont passées par notre poignet, celle-ci présente des crans mécaniques un peu comme les montres à remontoir. Le cliquetis est toutefois un peu exagéré et sonne très plastique.
Pour l'écran, Ice Watch s'est contenté d'une dalle TFT de 1,85 pouce. Un choix qui peut se comprendre pour conserver un prix bas alors que, pourtant, les écrans Amoled se multiplient même sur des modèles vendus moins chers. Toutefois, Ice Watch n'a probablement pas la même force de frappe qu'un Xiaomi ou un Huawei pour négocier un prix plus bas à ses fournisseurs. Cette dalle se révèle assez lumineuse même s'il faut l'ajuster manuellement en l'absence de capteur de lumière. Elle offre une définition un peu juste de 240 x 240 pixels.
Sous la montre figurent les traditionnels capteurs pour mesurer le rythme cardiaque et le SpO2 mais, aussi dans le cas de cette Ice Smart One, la tension artérielle (nous y reviendrons plus loin). Au-dessus des capteurs optiques, deux petits plots métalliques officient pour la recharge. Ice Watch fourni un minuscule dock à brancher sur un chargeur USB-A (non fourni) pour refaire le plein de la montre. Las, le système magnétique n'est pas assez puissant et le dock à très facilement tendance à se décrocher.
La montre est très légère (48 g, bracelet compris) et elle affiche une étanchéité 3 ATM. Il n'est donc pas recommandé de se baigner avec. Dans l'ensemble, les finitions sont correctes. Néanmoins, il se dégage une sensation de modèle un peu cheap. Cette Ice Smart One donne l'impression d'une montre fabriquée en marque blanche, telle que l'on en rencontre en quantité impressionnante sur Amazon ou AliExpress et pour laquelle Ice Watch se serait contenté d'appliquer son logo. Il lui manque ce petit plus qualitatif pour la faire sortir du lot. Une impression qui se confirme une fois la montre allumée.
Ice Watch Ice Smart One : une interface très inspirée d'Apple
Si vous aimez les interfaces bien léchées aux finitions impeccables et sans bavure, cette Ice Watch n'est pas ce qui s'en rapproche le plus. Les icônes paraissent assez grossières et les textes manquent de netteté. La faute en incombe sûrement à l'écran TFT et sa définition trop juste. Ce qui ne fait que renforcer l'impression de bas de gamme. Dommage car l'ergonomie générale, sans révolutionner le genre, permet de manipuler la montre et ses fonctions de façon assez fluide. Un glissement vers la droite par exemple fait apparaître une petite barre des tâches verticale ou sont regroupées diverses fonctions. Il n'est malheureusement pas possible d'en définir le contenu. Il varie selon l'utilisation des diverses applications de la montre.
Difficile cependant de ne pas percevoir quelques sources d'inspiration, notamment du côté d'Apple. En effet, la Smart One propose une multitude de cadrans différents à télécharger gratuitement. Certains sont de parfaites copies des cadrans de l'Apple Watch.
De la même façon, lorsque la montre se recharge, l'écran de veille est rigoureusement le même qu'une Apple Watch.
Les glissements de doigts vers la gauche de l'écran conduisent à l'affichage des différents widgets (activité, rythme cardiaque, SpO2, musique, etc.). Il est possible d'en changer l'ordre et d'en ajouter de nouveaux. Là aussi, l'inspiration de Cupertino saute aux yeux avec les fameux trois anneaux pour obtenir d'un coup d'œil l'activité physique de la journée par exemple.
Restent enfin les paramètres qui se contentent du strict minimum permettant d'activer un mode d'économie d'énergie ou Ne pas déranger, d'ajuster la luminosité, etc. La connexion au smartphone est symbolisée par un maillon de chaîne au sommet de l'écran. Notons à ce sujet que nous avons rencontré de nombreuses déconnexions avec le mobile (sans en être forcément averti).
Ice Watch Ice Smart One : de grosses erreurs de jeunesse
Bien évidemment, cette Ice Smart One s'accompagne d'une application pour Android et iOS. C'est à travers cette dernière qu'il est possible de télécharger de nouveaux cadrans pour la montre mais aussi de gérer d'autres paramètres. Mais là encore, Ice Watch fait l'impasse sur quelques aspects importants. La montre peut évidemment recevoir des notifications d'applis. SMS, Téléphone (il est possible de prendre les appels depuis la montre grâce au haut-parleur et au micro intégré mais la qualité n'est pas au rendez-vous), WhatsApp, Twitter, etc. En revanche, aucune appli de mail n'est proposée dans la liste. Pour obtenir la notification d'un courrier arrivant dans votre boîte Gmail, il faut activer l'option Autre. Et dans ce cas, ce sont toutes les notifications reçues par le mobile qui s'affichent sur la montre. Pas très pratique. D'autant qu'elles se présentent pêle-mêle dans une liste au sein de l'appli Messages (SIC). Impossible de n'en supprimer qu'une seule. C'est tout ou rien.
Nous avons aussi été déçus par le moteur de vibration. Il s'avère beaucoup trop faible pour percevoir convenablement l'arrivée de notifications. On a toutes les chances de passer à côté d'un message ou d'un appel important.
Voulant bien faire, la Ice Smart One se prend aussi les pieds dans le tapis dans la gestion de l'audio. Par défaut, tous les sons émis par le mobile arrivent sur la montre, y compris pendant la lecture de musique. Il faudra donc songer à lui couper la chique dans les réglages Bluetooth du mobile. Mais dans ce cas, la montre n'émet plus non plus de son pour les notifications.
Enfin, garder la montre au poignet durant la nuit reste une épreuve. Même en activant le mode Ne pas déranger, l'écran parvient à s'illuminer en bougeant le bras ou si l'on appuie par mégarde sur la couronne rotative. Bref, Ice Watch va devoir retravailler sa copie en proposant une belle mise à jour.
Ice Watch Ice Smart One : un manque de précision dans les mesures
Comme toutes les montres connectées, la Ice Smart One tient à vous accompagner pour vos séances sportives. Elle propose une centaine d'activités : marche, course, cyclisme, basket, football, etc. mais aussi des sports nautiques comme la voile ou encore le water-polo mais pas la natation, étrange. De toute façon, pour toutes ces activités, les mesures effectuées sont les mêmes : rythme cardiaque, calories dépensées ainsi que la distance parcourue et le nombre de pas pour les activités terrestres. Pourquoi pas. Mais les mesures sont parfois très fantaisistes. La montre ne dispose pas de module GPS. Il faut donc lui autoriser l'accès à celui du smartphone. Mais, même ainsi connectée, les mesures présentent de gros écarts : 300 mètres de moins sur une distance de 2 km mesurée face à une Apple Watch Ultra. Le rythme cardiaque est lui aussi calculé de façon très aléatoire présentant une différence, en activité de plus de 30 battements par minute face à l'Apple Watch. C'est beaucoup trop. Au repos, les choses s'améliorent et la Ice Smart One reste dans les clous. Mais difficile de lui accorder notre confiance en permanence. Par ailleurs, l'application qui tient compte des données enregistrées par la montre accuse, encore, quelques bugs. Certaines données ne sont tout simplement pas consignées et tenter d'obtenir plus de données d'entraînement comme il est proposé conduit immanquablement à un écran noir.
La Ice Smart One peut par ailleurs mesurer la tension artérielle. Et, étonnamment, sur ce terrain, les résultats se révèlent assez proches de la réalité. La montre a ainsi défini une tension de 111/69 quand notre tensiomètre médical portatif affichait 115/69.
Enfin, les données de suivi du sommeil sont elles aussi à prendre avec des pincettes. Selon l'Ice Smart One, nous ne nous sommes pas réveillés de la nuit (ce qui est faux).
Ice Watch Ice Smart One : une autonomie correcte
Avec un usage classique, et sans trop la solliciter, la Ice Smart One peut enchaîner quatre jours et trois nuits d'utilisation. Ce n'est pas faramineux mais ça reste tout de même mieux qu'une Apple Watch ou une Galaxy Watch de Samsung. En activant le mode économie d'énergie, il est possible de grappiller une journée de plus. Un résultat correct mais qui nous laisse sur notre faim vu l'équipement minimaliste de l'appareil. Avec un écran TFT la montre ne propose pas de mode Always On Display (écran toujours allumé), elle n'embarque pas non plus de GPS et se montre particulièrement sage sur la fréquence de relevé de rythme cardiaque.
Pour la recharge, il faut également prendre son temps. Il nous a fallu une heure et quarante-cinq minutes pour refaire le plein tout en veillant à ce que le chargeur magnétique ne se décroche pas de la montre par inadvertance.
Ice Watch Ice Smart One : faut-il craquer pour la premier montre connectée d'Ice Watch ?
Avec sa Ice Smart One, Ice Watch fait son entrée dans le monde des montres connectées par la petite porte. Certes, la tocante n'a pas la prétention de vouloir marcher sur les plates-bandes des ténors du secteur, mais tout de même ! Elle présente trop de défauts de jeunesse et de manque d'attention pour venir rivaliser avec des modèles eux aussi accessibles – voire moins chers – signés Xiaomi ou Huawei. L'interface mérite un bon coup de frais pour rejoindre les standards actuels sans pour autant plagier ce qui existe chez la concurrence. L'appli nécessite pas mal de débogage et les capteurs doivent être revus pour présenter des mesure fiables. Il reste donc beaucoup de travail à Ice Watch pour que sa montre se démarque de la concurrence et réussisse à se faire une place parmi les modèles d'entrée de gamme sur lesquels on peut compter les yeux fermés.