AMD Ryzen Z1 : la super puce pour les consoles portables nouvelle génération
AMD vient de dévoiler la série Z1, une nouvelle famille de puces Ryzen qui promet de très hautes performances pour les consoles de jeu portables de nouvelle génération de type Steam Deck. Et qui serait capable d'animer des PC.
Si Asus avait vendu la mèche avec sa console de jeu ROG Ally (voir notre article), on sait désormais officiellement qu'AMD va sérieusement s'investir dans le marché naissant – et prometteur – des consoles de jeu portables, dans le sillage de la fameuse Steam Deck qui passionne tant les joueurs. L'Américain a en effet dévoilé ses plans le 25 avril 2023 en présentant une nouvelle famille de puces spécialement conçues pour ce type d'appareils : les Z1. Et le moins que l'on puisse dire, c'est ces nouveaux circuits promettent de très hautes performances, en renvoyant la Switch au musée – du moins, sur le plan purement technique, Nintendo ayant toujours préféré miser sur d'autres tableaux dans son modèle économique.
AMD Ryzen Z1 : un double processeur pour consoles de jeu
AMD n'est pas vraiment un nouveau venu dans l'univers du jeu. Avec ses fameux Ryzen et Radeon, le concepteur – eh oui, AMD ne fabrique pas lui-même ses puces, tâche qu'il confie à des industriels spécialisés comme TSMC – possède déjà à son catalogue une belle collection de processeurs (CPU) et de circuits graphiques (GPU) pour PC particulièrement appréciés des gamers. Mieux encore, c'est AMD qu'ont choisi Microsoft et Sony pour motoriser leurs dernières consoles de jeu de salon – Xbox One et Xbox Series pour l'Américain et PS4 et PS5 pour le Japonais. Une preuve de confiance qui a permis à AMD d'acquérir une belle expérience et une solide réputation dans un domaine très convoité où les prouesses techniques participent au spectacle et au plaisir de jouer, les gamers étant particulièrement friands d'effets graphiques gourmands du type Ray Tracing et d'images haute définition à débit élevé – ah, la course au débit (FPS) !
Rien d'illégitime, donc, à ce qu'AMD s'intéresse de très près au marché naissant des consoles de jeu portables. Un marché dominé jusque-là par Nintendo avec la Switch, l'incontournable modèle familial, mais qui a commencé à se transformer avec l'arrivée de la Steam Deck, cet appareil hybride construit comme un ordinateur miniature avec des prestations dignes d'un PC de gamer. Et pour cause : elle est animée par une puce… AMD ! Pas seulement un processeur, mais un circuit plus complet embarquant une section graphique – un APU selon la terminologie AMD, terme qui désigne les puces mixte combinant CPU et GPU –, comme on en trouve dans la plupart des ordinateurs portables.
AMD Ryzen Z1 : une variante du Ryzen 7XXX
Et c'est ce type de "processeur à presque tout faire" qu'AMD entend développer et imposer dans les consoles de jeu portables de nouvelle génération avec sa gamme Ryzen Z1. Une gamme composée pour le moment de deux modèles : le Ryzen Z1 tout court et le Ryzen Z Extreme, la version qui sera intégrée dans la fameuse Asus ROG Ally que tout le monde guette depuis son annonce surprise le 1er avril 2023 (voir notre article). Techniquement, comme leur appellation le laisse entendre, ces deux premières puces sont conçues sur une base identique, à savoir une architecture Zen 4 pour la partie CPU et une architecture RDNA 3 pour la section graphique, avec une gravure en 5 nm et une gestion de la mémoire vive (Ram) de type DDR5, la plus rapide du moment. Dit autrement, et plus clairement, la même base que les nouveaux Ryzen pour PC de la génération 7xxx ! De quoi de très hautes performances, notamment pour les jeux vidéo.
En pratique, les deux modèles se distinguent par leur composition : le Ryzen Z1 doit se contenter de 6 coeurs physiques – et donc 12 threads ou cœurs logiques – pour sa partie CPU et de 4 unités de calculs (UC) pour sa section GPU avec un total de 22 Mo de mémoire cache de niveau 3, tandis que le Ryzen Z1 Extreme possède respectivement 8 cœurs et 16 threads, 12 CU et 24 Mo de cache lui offrant a priori une plus grande puissance de calcul, notamment pour les graphismes en 3D. Si l'on en croit les promesses d'AMD, le Ryzen Z1 Extreme atteindrait ainsi les 8,6 TFLOPS – soit 8,6 milliers de milliards d'opérations en virgule flottante par seconde – quand son "petit frère" plafonnerait à 2,8 TFLOPS. Une puissance de feu impressionnante dans les deux cas, surtout quand on la compare à celle de la puce qui anime la Nintendo Switch, un Tegra X1 Nvidia, qui ne dépasse pas le 0,4 TFLOPS… En clair, l'Asus ROG Ally – comme les autres consoles équipées du Ryzen Z1 Extreme – serait environ vingt fois plus performante en calcul que la vénérable Switch. Un écart gigantesque, qui promet des performances globales à la hauteur de futurs jeux, mais qui s'explique logiquement par une grande différence d'âge et de conception, la puce Nvidia datant de 2015 et étant gravée à l'origine en technologie 20 nm – en 16 nm aujourd'hui. Et les Z1 s'avèrent aussi nettement plus performants que la puce qui anime le Steam Deck, un modèle également signé AMD, mais reposant sur des architectures plus anciennes (Zen 2 à 4 cœurs pour pour le CPU et RDNA 2 à 8 UC pour le GPU) et délivrant une puissance brute de 1,6 TFLOPS. En comparaison, le Ryzen Z1 Extreme fait cinq fois mieux !
AMD Ryzen Z1 : des performances dignes des PC gaming
Toujours selon AMD, avec son GPU en RDNA 3, le Ryzen Z1 Extreme pourrait ainsi assurer un grand débit d'images dans les jeux les plus populaires du moment en définition Full HD – 1080p pour les aficionados –, avec des taux dépassant allègrement les 100 FPS (images par seconde) dans la plupart des titres, et atteignant même les 200 FPS dans quelques cas. De quoi garantir une excellente fluidité, un critère essentiel pour les gamers patentés… Bien entendu, et comme toujours dans ce genre d'annonces, il ne s'agit que de promesses qui devront être confrontées à la réalité des tests en situation réelle menés par des experts es joystick quand le Ryzen Z1 Extreme sera intégré dans des consoles du commerce. Mais, sur le papier, elles ont déjà de quoi séduire bien des joueurs en rejoignant les performances affichées par les consoles de salon et les PC gaming !
Qui dit appareil portable, dit aussi autonomie. Et donc consommation électrique. Un point essentiel qu'AMD n'a évidemment pas oublié. Et qui bénéficie ici de la gravure ultra fine de l'architecture Zen 4 : sur sa documentation technique officielle, AMD mentionne un TDP – une enveloppe thermique – comprise entre 15 et 30 W pour chacune de ses deux puces : des valeurs très raisonnables quand on sait que cette grandeur est directement liée à la quantité d'énergie absorbée par les circuits. Et d'ailleurs similaires à celles des Ryzen 7XXX de la série U, des modèles basse consommation conçus pour les PC portables et dont les Z1 semblent être des déclinaisons .avec une appellation commerciale plus "sexy". Bien entendu, l'autonomie réelle des consoles équipées en Z1 dépendra de multiples autres éléments, comme la quantité de mémoire vive embarqué, le capacité du stockage intégré, la taille, la définition, la fréquence de rafraichissement et la luminosité de l'écran, sans oublier la capacité de la batterie ! Autant de paramètres liés aux choix des constructeurs pour distinguer leurs modèles, en réalisant divers panachages. Mais la nature même des puces AMD aidera clairement à fabriquer des consoles peu énergivores, capables d'assurer des séances de jeu de plusieurs heures sans avoir besoin d'être rechargées.
AMD Ryzen Z1 : des puces encore sans concurrence
On le voit, avec sa famille Z1, AMD entend bien se positionner en tête de file sur ce marché prometteur. D'autant que, pour le moment, ni Intel ni Nvidia, ni Qualcomm ne sont venus se positionner sur ce terrain, ce qui peut sembler curieux quand on connaît leurs compétences et leurs ambitions sur le secteur des CPU, des GPU et autres SoC – les circuits vraiment tout-en-un utilisés notamment dans les smartphones et les tablettes. Gageons toutefois que certains de ces grands noms ne manqueront pas de se manifester dans ce domaine si la demande est suffisante pour amortir les coûts de développement de puces adaptées. Qui sait même, si, un jour, Apple ne pourrait pas aussi se lancer dans cette aventure avec ses SoC M à la fois ultra puissantes et très économes en énergie qui équipent ses Mac et ses iPad ? Car, à bien y regarder, ces puces de nouvelles génération conviendraient parfaitement à des consoles de jeu portables, un marché sur lequel la firme à la pomme pourrait créer la surprise…
Quoi qu'il en soit, et en l'absence de compétiteurs déclarés, la voie du succès semble toute tracée pour AMD. D'autant qu'au-delà des consoles de jeu, les Ryzen Z1 pourraient faire tourner beaucoup d'autres types d'appareils – mobiles ou fixes – dans la mesure où ils sont compatibles x86, l'architecture des processeurs pour Windows. C'est d'ailleurs avec le système d'exploitation de Microsoft que tourneront l'Asus ROG Ally et ses concurrentes directes : un atout sérieux pour les éditeurs comme pour les joueurs, qui permettra de faire fonctionner tous les jeux pour PC sans nécessiter de développer ou d'acheter de nouvelles versions. De fait, en théorie, rien n'interdit d'imaginer que les Z1 puissent être utilisés sur des PC plus ou moins spécialisés, à l'instar des processeurs pour ordinateur portable qui sont employés dans les mini PC.