Intel Raptor Lake Refresh : une 14e génération timide en attendant la vraie révolution
La dernière fournée de processeurs Intel estampillés Core i arrive sur les PC de bureau. Un petit rafraîchissement en attendant le grand saut vers les Core Ultra et l'architecture modulaire initiée par les futures puces mobiles Meteor Lake.
Toutes les générations de processeurs ne sont pas majeures. Si la prochaine fournée de puces pour PC portables d'Intel – dite Meteor Lake – marque une rupture totale dans la conception des puces par Intel, sa nouvelle fournée de Core de 14e génération pour PC de bureau annoncée le 16 octobre 2023 est plus sage. Tellement sage, même, que cette génération fait toujours partie de la famille Raptor Lake (13e Gen) du point de vue architectural. Ce sont les mêmes cœurs "hautes performances" (P-Cores) et cœurs "efficaces" (E-Cores), et la même finesse de gravure (Intel 7, un 10 nm bien dense).
Pourtant, les premières références haut de gamme lancées par Intel affichent des performances en hausse jusqu'à 16% dans certains jeux et j15% dans certaines applications. Mais ne vous emballez pas, il s'agit ici des chiffres les plus impressionnants choisis parmi les plus importants par les équipes marketing. Au quotidien, il faudra compter plutôt aux alentours de quelques pourcents. Ce qui est déjà pas mal, compte tenu de l'absence de nouveautés matérielles. La recette de ces gains de performances ? Un peaufinage général (fabrication, optimisations internes) et l'appui du logiciel.
Intel Raptor Lake Refresh : trois (ou six) nouveaux processeurs ?
Si la liste d'Intel s'allonge de six références allant du Core i5 au Core i9, avec cette première fournée de puces débloquées "K" (lire plus loin), c'est que chacune d'entre elle est dédoublée d'une version KF. En clair, les versions K intègrent une petite partie graphique qui permet de se passer de carte graphique dédiée (ce qui est bien pratique en cas de panne de GPU ou pour un poste de travail de calcul pur), alors que les versions KF en sont dépourvues. Dans les faits, les versions KF sont gravées exactement comme les versions K, mais leur module GPU est désactivé, ce qui rend les puces moins chères – le GPU gravé peut être défectueux, ou Intel économise ici simplement les longues phases de test. En tout état de cause, il faut garder en tête qu'Intel ne lance pour l'heure que trois (fois deux) références vraiment différentes : le Core i9 14900K/KF, le Core i7 14700K/KF et le Core i5 14500 K/KF. Selon l'annonce d'Intel, de futures déclinaisons sont à prévoir pour meubler les magasins… En attendant que les ingénieurs de l'entreprise, qui travaillent sur la (vraie) prochaine génération, ne livrent les composants. Qui devraient, eux, marquer une véritable rupture technologique.
Intel Raptor Lake Refresh : la 13e génération, en (à peine) mieux
Du point de vue technique, chaque génération de processeur est intégrée à un lancement de plateforme. Comprendre ici que, bien que compatible avec le socket précédent de la 13e génération (LGA 1700) via des mises à jour de BIOS à venir, de nouvelles cartes mère devraient voir le jour. Comme on l'a dit plus haut, cette 14e génération ne présente aucun chamboulement par rapport à la 13e génération : cœurs CPU, GPU intégré, contrôleur mémoire DDR4 et DDR5 et même les chipsets sont issus des mêmes blocs technologiques. On profitera donc d'ajouts de fonctions par des ajouts périphériques, comme la prise en charge (via un contrôleur externe) des protocoles Wi-Fi 7, Bluetooth 5.4 mais pas le Thunderbolt 5, contrairement à ce que l'annonce initiale laissait entendre.
Du point de vue des performances, le champion de cette salve sera évidemment le coûteux Core i9 14900 K/KF, avec ses 8 P-Cores (16 tâches) et ses 16 E-Cores qui lui permettent donc de gérer jusqu'à 32 tâches (threads) de manière concomitante. Intel a bien sûr beaucoup mis en avant son porte-étendard qui ressemble comme deux gouttes d'eau à son super fleuron de la génération précédente, le Core i9 13900 KS. Si Intel a réussi à marquer des différences en termes de performances, c'est donc moins dans le hardware – qui profite sans doute, dans les tréfonds du silicium, de petites améliorations – mais dans un élément trop souvent oublié quand on parle de CPU : le logiciel.
Cette 14e génération profite en effet d'une brique logicielle spécifique, invisible à l'utilisateur, appelée Intel Application Optimization. Sous-brique de l'Intel Dynamic Tuning Technology, il s'agit d'optimisations spécifiques à des logiciels qui répartissent de manière plus efficace les tâches sur les différents cœurs. Une couche logicielle pour épauler le "Directeur des tâches" (le Thread director intégré à chaque puce) de quoi gagner, à nombre de cœurs, fréquences et plateforme équivalente (quantité de mémoire, GPU), quelques pourcents de performances en plus. Et pour tenter de se distinguer encore un peu plus de la génération précédente, Intel promet que les utilisateurs les plus exigeants pourront aller grappiller quelques pouillèmes de plus en ayant recours à une pratique toujours aussi nerd : l'overclocking.
Intel Raptor Lake Refresh : la carte de l'overclocking
Avec des puces sans avancée technique, et dans l'attente d'une nouvelle génération qui devrait rebattre plus sérieusement les cartes technologiques, Intel se devait tout de même de séduire des publics. Outre les pro-Intel qui ont toujours une vieille machine en 9e, 10e ou 11e génération – qui seront les plus à même de sentir un vrai saut de performances – Intel cible la population des overclockers.
Une population déjà attirée par le suffixe K, qui précise que le coefficient multiplicateur du processeur et débloqué et permet, sous contrôle de logiciels (et à vos risques et périls), d'augmenter la fréquence de la puce en poussant quelques boutons (numériques). Les puces Intel de 13e génération étant réputées pour leur stabilité, la 14e génération avait donc déjà des atouts pour attirer de manière organique. Mais cette nouvelle fournée apporte en plus dans sa besace : un petit coup de boost par l'IA.
Au sein de son logiciel dédié XTU – pour eXtreme Tuning Utility, ou utilitaire de réglage extrême en français – Intel a rajouté une assistante incluant des modèles IA qu'il a entraîné sur ses processeurs en laboratoire. L'intérêt de ces bouts de code en plus ? Régler aux petits oignons chacun des cœurs de manière individuelle tout en tenant compte de la plateforme – type et performances de la RAM, etc. Pas de quoi séduire M. et Mme Toutlemonde, mais peut-être de quoi attirer ceux qui refroidissent leurs composants à l'azote liquide !
Intel 14e Gen : le Core i7 en vraie star
Si vous avez un PC tour de plus de trois ou quatre ans d'âge et que vous avez besoin de passer à la puissance vraiment supérieure, le processeur qui se démarque le plus – et qui marque le plus de progrès – est le Core i7 14700 K/KF. Alors que son prédécesseur direct, le Core i7 13700 K, se contentait de 8 P-Cores et 8 E-Cores, son successeur récupère 4 E-Cores de plus, portant le total à 12 cœurs efficaces.
A ce supplément de cœurs E qui porte le total des tâches simultanées à 28 (!), s'ajoute des hausses de fréquences généralisées : de 5,2 GHz à 5,6 GHz en Turbo Max, ou encore des fréquences de base en forte hausse (P-Cores de 2,1 GHz à 3,4 GHz, E-Cores de 1,5 à 2,5 GHz !). De quoi donner à ce nouveau Core i7 bien plus de punch dans les applications prenant en charge le multitâche (multithread dans le jargon), notamment les logiciels créatifs – photo, vidéo, etc.
Que penser de cette 14e génération de puces ? Qu'il s'agit bien d'un simple dépoussiérage et de la fin d'une ère. Il n'y aucun mal à se monter une machine Intel avec une de ces références si vous avez les besoins et le budget. Particulièrement pour assembler un PC performant dédié au gaming et/ou au streaming avec le Core i7 14700K(F). Mais entre les références de la génération précédente et la compétition d'AMD, il y a sans aucun doute de meilleurs rapports performances/prix en magasin. Les plus petits budgets opteront donc pour des puces antérieures, les plus technophiles attendront la génération suivante, qui promet une véritable saut technologique avec son architecture modulaire. La 14e génération est là pour meubler : elle le fera bien, mais elle sera vite oubliée.