La FDJ teste la reconnaissance faciale pour vérifier l'âge des joueurs

La FDJ teste la reconnaissance faciale pour vérifier l'âge des joueurs

Pour lutter contre la vente de jeux d'argent aux mineurs, la FDJ teste une solution pour contrôler l'âge des joueurs grâce à la reconnaissance faciale. Mais qu'en est-il de la fiabilité de la technologie et la confidentialité des données personnelles ?

La Française des Jeux (FDJ) continue sa lutte contre la vente illégale de jeux d'argent et de hasard aux mineurs. En effet, selon une étude de l'association Sedap menée en 2021, 35 % des jeunes entre 15 et 17 ans ont joué au moins une fois à des jeux d'argent, preuve que la loi n'est pas toujours appliquée par les quelque 23 500 buralistes de France. C'est pourquoi, dans le cadre du Forum international de la cybersécurité (FIC) qui s'est tenu le 5 avril, la FDJ a annoncé avoir testé, depuis trois mois, une nouvelle solution permettant de vérifier la majorité des clients grâce à la reconnaissance faciale, comme le rapporte L'Usine Digitale.

Reconnaissance faciale FDJ : des bornes pour vérifier la majorité

Des buralistes ont installé des bornes équipées d'un logiciel de reconnaissance faciale, mis au point par la start-up Yoti – dont les technologies ont été validées par le gouvernement britannique et les régulateurs allemands du numérique –, afin de déterminer si le client est majeur ou non. Celui-ci se positionne devant elle et une photo est prise puis analysée afin de déterminer son âge, et donc de confirmer leur majorité.

Sur son blog, Yoti explique que "notre technologie permet d'estimer avec précision l'âge d'une personne en analysant son visage. Nous l'avons conçue pour offrir à chacun un moyen sûr et privé de prouver son âge dans différents scénarios de la vie quotidienne : de la vérification de l'âge sur les plateformes sociales et les magasins en ligne aux caisses automatiques des supermarchés, en passant par les bars et les boîtes de nuit."

Reconnaissance faciale FDJ : des résultats rapides et précis

Cette solution est déjà utilisée dans des hypermarchés britanniques pour vérifier qu'un client est en âge d'acheter de l'alcool, mais également par Instagram, qui impose désormais d'enregistrer un selfie vidéo qui est ensuite soumis à un algorithme (voir notre article). Son utilisation pour la FDJ n'est encore qu'au stade de prototype, mais elle soulève tout de même des questions au niveau de la fiabilité de la technologie et de la confidentialité des données personnelles des clients...

La start-up promet que le résultat peut être affiché en moins de 2 secondes, avec un taux de précision de 1,6 an environ pour les moins de 20 ans – en dessous de cet âge en revanche, le commerçant doit demander les papiers d'identité du joueur. Mais qu'en est-il vraiment ? Selon une étude externe, l'outil de Yoti est fiable à 98,89 % pour déterminer si une personne a plus ou moins de 25 ans. À la rédaction, nous avons testé la version de démonstration de la technologie, qui est disponible en ligne, et l'âge affiché s'est révélé conforme à notre âge réel. Il est cependant tout à fait possible de tromper le logiciel en cherchant à paraitre plus vieux, avec du maquillage par exemple.

Reconnaissance faciale FDJ : des résultats fiables et confidentiels ?

Des tests réalisés en 2019 montrent que la marge d'erreur peut augmenter en fonction de différents publics. Ainsi, la couleur de peau peut influencer le résultat, notamment pour les femmes à la peau mate, pour qui la moyenne d'erreur peut passer de 1,6 an à 4,8. Cela s'expliquerait principalement par la sous-représentation du groupe dans les données avec lesquelles le logiciel a été entrainé. Lors de la conférence, le représentant de Yoti lui-même a plus ou moins reconnu que le système n'était pas infaillible, expliquant qu'une vie dans la rue vieillissait prématurément le visage par exemple. La reconnaissance faciale ne peut donc pas pour le moment remplacer complètement le contrôle humain.

Se pose également la question de la confidentialité et de la protection des données, même si Yoti promet que les photos seront supprimées du serveur sitôt après utilisation et que la technologie ne peut pas reconnaitre une identité – seulement détecter l'âge – afin de garantir l'anonymat de la personne. Reste qu'il faut que la start-up respecte ses engagements en la matière. Elle pourrait par exemple s'en servir pour entrainer son logiciel...

Il n'est pas impossible que cette technologie soit adoptée prochainement par le Gouvernement comme solution à court terme afin d'empêcher les mineurs d'accéder aux sites pornographiques, en attendant qu'il mette en place le système de double anonymat (voir notre article). En effet, la CNIL envisage une vérification par identification faciale et Yoti est membre du Laboratoire pour la protection de l'enfance, mis en place par l'Élysée en novembre 2022. Toutefois, il est tout à fait possible là encore de tromper l'outil simplement en montrant une photo à la caméra ou en demandant à quelqu'un de plus âgé de réaliser le selfie vidéo...